Le Braille

  I – cellule braille et dispositions des points

Le braille est un système alphabétique, système de lecture et d'écriture pour personnes aveugles ou fortement malvoyantes, constitué de 6 points en relief. Ces six points sont disposés sur deux colonnes de trois points et numérotés de un à six de la manière suivante :

  • colonne de gauche : les points 1, 2, 3 de haut en bas
  • colonne de droite : les points 4, 5, 6 de haut en bas.

On parle de « cellule » braille.

À l'aide de ces six points, on peut former toutes les lettres de l'alphabet ainsi que les caractères accentués et la ponctuation; chaque caractère étant représenté par une combinaison différente de ces 6 points.

Ces 6 points permettent 63 combinaisons possibles ; 64 avec l’espace (26).

 

II – 40 lettres pour l’alphabet braille

L’alphabet braille français se compose des 26 lettres de l’alphabet ordinaire auxquelles viennent s’ajouter 14 signes : 12 lettres accentuées, le c cédille « ç » et le oe lié « œ ».

En effet, il est impossible, en braille, d’ajouter une cédille au c ou un accent aux voyelles. Les lettres accentuées ainsi que le c cédille sont donc des lettres à part entière.

 

 

e

 

é

 

è

 

ê

 

ë


c

 

ç

 Cela porte le nombre de lettres de l'alphabet braille à 40 au lieu de 26 pour l'alphabet ordinaire.

 

III – structure de l’alphabet braille

 1 – les 5 séries

Braille a formé son alphabet en répartissant les lettres de l’alphabet ordinaire en 4 séries ; une 5ième  étant consacrée à la ponctuation.

 Il est à noter que dans la première série, seuls les points 1, 2, 4 et 5 sont utilisés.

Les séries suivantes découlent de la première.

Ainsi, on ajoutera aux 10 combinaisons de la 1ère série :

·         Le point 3 pour constituer les lettres de la 2ième  série,

·         Les points 3 et 6 pour constituer les lettres de la 3ième  série,

·         Le point 6 pour constituer les lettres de la 4ième série ou la série des chiffres.

·         Quant à la 5ième série, elle est formée des signes de la 1ère décalés vers le bas.


1ère série

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

2ième  série

K

L

M

N

O

P

Q

R

S

T

3ième  série

U

V

X

Y

Z

Ç

É

À

È

Ù

4ième série

Â

Ê

Î

Ô

Û

Ë

Ï

Ü

Œ

W

Série des chiffres

1

2

3

4

5

6

7

8

9

0

5ième série

,

;

:

.

?

!

"

(

*

)

 

Symboles hors séries :

Maj

-

'

@

/

 

 

espace

 

0

 

 

 

p346

p4

p5

p6

p456

p45

p56

 

 

 

 

 

 

 

Remarque :

L'explication de la formation des lettres par les séries est principalement intéressante pour les personnes voyantes. Elle permet en effet de les reconnaître plus rapidement sans nécessairement avoir besoin de les apprendre. Il suffit de repérer quels points du carré supérieur sont présents  puis de se reporter verticalement sur la bonne série en fonction des points 3 ou 6 ajoutés.  

Cette méthode n'est pas applicable pour un apprentissage tactile. Les lettres seront abordées selon leur difficulté de reconnaissance tactile.

 

 

Remarque : place du W

« L'emplacement insolite du W dans l'alphabet braille est dû au fait que Louis Braille avait omis cette lettre, peu courante en français, en composant son tableau. Selon Edgar Guilbeau, c'est un condisciple anglais de Louis Braille, Henri Hayter, qui attira son attention sur cette lacune, que Braille combla aussitôt en assignant au W la dernière place de la quatrième  série, restée vacante.

Notons que le W est bien présent à cet endroit dans la première édition du Procédé. »

(E. Guilbeau, « la question du W dans l'alphabet braille »  dans Le Valentin Haüy, janvier-mars 1928, p. 37-38).

 

 

2 – signes hors série

Les 13 signes restants (63-50=13) sont appelés signes hors série.

Parmi ces 13 signes, certains ont une réelle utilité en braille intégral tels que la majuscule, l’apostrophe, le zéro, ou encore le trait d’union.

D’autres, tels que le signe « changement de typographie » ou « fin de vers » sont employés de manière occasionnelle.

Quand au reste des signes, ils sont essentiellement consacrés au braille abrégé voir au braille mathématique.

 

IV – braille intégral, braille abrégé et « noir »

On utilise le terme d’écriture noir par opposition à l’écriture braille, pour désigner l’écriture dite normale des voyants.

Tandis que le noir comporte plusieurs typographies (minuscules, script, imprimerie, etc.), l'écriture braille n'a qu'une seule présentation.

On parle du « braille intégral » lorsque toutes lettres en noir sont reproduites en braille.

Une lettre en noir = une lettre en braille.

Pour diminuer le nombre de signes, afin d'accélérer le rythme de lecture et d’écriture, il existe le « braille abrégé ».

L'abrégé orthographique étendu est constitué :

  • d'assemblage des lettres qui entrent dans la composition des mots
  • de petits mots représentés par un symbole
  • des mots représentés par plusieurs symboles
  • des locutions

 L’abrégé est national et son utilisation  répond à un code spécifique.

 Remarque : En intégral ou même en abrégé, le braille est très volumineux.

 


V – Lecture et écriture du braille

 1 – La lecture

 Le braille se lit de gauche à droite avec la pulpe du doigt des deux index (pas avec le bout du doigt). Dès que la main droite arrive vers la fin de la ligne, la main gauche va chercher la ligne suivante.

On parle de lecture bimanuelle.

Il est impossible pour un brailliste de lire un texte « en diagonale ».

IMPORTANT : Même pour un bon brailliste, la lecture en braille est plus lente que pour un voyant et nécessite beaucoup de concentration.

 2 – Écriture

Le braille peut être écrit :

  • À l’aide d'une tablette (généralement en métal ou en plastique), creusée de sillons parallèles et munie d'une réglette percée d’une ou plusieurs rangées de cellules braille et d'un poinçon.

Cette méthode est fastidieuse car il faut écrire de droite à gauche et il faut inverser les lettres afin de les lire en relief au verso; ce qui provoque beaucoup d’erreurs d’inversions. Elle est également très lente car on embosse point par point.

À l’heure actuelle, la tablette n’est quasiment plus qu’utilisée que par les personnes âgées ayant appris le braille via ce moyen.

  • À l’aide d’une machine à écrire appelée Perkins. Elle est constituée d'un clavier de six touches correspondant aux six points braille, et d'une barre d'espacement.

Pour réaliser une lettre le transcripteur doit appuyer simultanément sur les touches correspondant à tous les points qu'elle requiert. La lettre est imprimée en relief sur le papier.

C’est en général avec cet outil que les enfants commencent à écrire le braille.

  • À l’aide d’un bloc note braille tel que l’Esytime. Ce style de matériel offre de multiples possibilités, et donne à l’utilisateur une grande autonomie de travail. Mais, ces outils coûtent chers et leur utilisation requiert une bonne pratique du braille et de l’informatique ainsi qu’une certaine maturité.
  • De plus, le braille peut être imprimé par une « imprimante braille » appelée embosseuse reliée à un ordinateur. De multiples logiciels permettent la transcription.